Adieu
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Nourrir les rêves : Réflexion sur le parcours du Young Painter Prize
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En repensant à l’année 2009, une période marquée par les ombres de la crise économique, je me rappelle l’étincelle d’espoir que mon collaborateur, le talentueux peintre Vilmantas Marcinkevičius, et moi avons fait naître. Au cœur de l’incertitude, nous avons entrepris un voyage destiné à ouvrir la voie aux jeunes artistes, pour qu’ils puissent briller et trouver leur place sur la scène artistique mondiale. Ce voyage portait le nom de « Young Painter’s Prize », un projet qui allait redéfinir les aspirations de jeunes artistes à travers les États baltes et au-delà.
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À l’époque où nous lancions ce projet, nous ne pensions à rien d’autre qu’à créer une opportunité pour que de jeunes créateurs soient vus et entendus. Nous voulions les soutenir. Sans expérience préalable, nous avons observé les pratiques internationales et développé ce projet par nous-mêmes. Nous avons continué à travailler, sans jamais nous retourner — avançant toujours vers l’avant. Dans ces temps difficiles, le Young Painter’s Prize est devenu un véritable phare d’espoir pour les jeunes artistes en quête de reconnaissance et de soutien. Alors que le monde de l’art peinait à naviguer dans les eaux troubles de la crise économique, la plateforme que nous avions créée est devenue une bouée de sauvetage, leur offrant la possibilité de présenter leur talent et de gagner en visibilité à l’échelle internationale.
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Malgré les difficultés, nous avons réussi à tenir bon. Au début de la pandémie de COVID-19, j’ai songé à faire une pause et à ne pas poursuivre l’événement. Mais j’ai vite compris que c’était précisément le moment de s’unir et de s’entraider, pour traverser ensemble les répercussions de nos vies temporairement « auto-isolées ». Je suis profondément heureuse d’avoir maintenu le projet pendant l’année 2020. Jusqu’à la dernière minute, j’espérais pouvoir organiser l’événement en présentiel. Malheureusement, une semaine avant la cérémonie du prix, le confinement a été réinstauré, et nous avons dû nous adapter. Notre diffusion vidéo improvisée depuis une salle d’exposition vide s’est pourtant avérée un véritable succès — elle a été vue 11 643 fois à travers le monde !
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Même si le temps a passé et que le monde de l’art a évolué, la signification du Young Painter’s Prize demeure. Aujourd’hui, la communauté artistique offre une multitude d’opportunités aux jeunes talents pour être remarqués et soutenus. Institutions, collectionneurs et artistes établis ouvrent davantage leurs bras, accueillant les perspectives nouvelles et la créativité libre de la jeunesse.
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Le temps file lorsqu’on s’investit dans un travail en accord profond avec ses convictions et sa passion. Quinze ans, c’est pourtant une longue période (même mon nom de famille a changé plusieurs fois au cours de ces années). Ce projet m’a offert quelque chose d’inestimable : un vaste réseau de professionnels de l’art et d’artistes d’exception. Chaque étape de ce parcours témoigne de la force de la collaboration et de la persévérance.
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Nous comptons désormais quinze lauréats du Young Painter’s Prize, ce qui signifie qu’au fil des quinze années, plus d’une centaine de professionnels de l’art — historiens, théoriciens, galeristes, directeurs de grands musées européens, artistes mondialement reconnus, collectionneurs — ont siégé dans nos jurys. Leur regard, leur discernement et leur passion pour la jeune création ont façonné le projet tel qu’il est aujourd’hui.
Nous avons présenté près d’un millier de jeunes artistes ; beaucoup collaborent désormais avec des galeries, sont invités par des commissaires d’exposition et vendent leurs œuvres à des collectionneurs. Les histoires de réussite issues de cette initiative continuent de me remplir de fierté et de joie. Avec le recul, je peux affirmer avec certitude que ce projet a été un événement majeur dans notre région pendant quinze ans.
Ainsi, cette année, alors que j’organise le projet pour la dernière fois, mon cœur est empli des plus belles émotions.
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Nous avons été portés par le soutien constant de nos mécènes, animés par le désir sincère d’aider les jeunes artistes à se faire connaître et à trouver leur place au sein de leur génération.
Je tiens à exprimer ma profonde gratitude à nos plus fidèles soutiens : Mindaugas Raila, la famille de Nicolas Ortiz, Johannes et Dali van Rooij, la Lewben Art Foundation, la Fondation Bajorunas/Sarnoff, Danguolė et Viktoras Butkus, qui ont soutenu le projet pendant de nombreuses années.
Au fil du temps, les partenaires ont changé : certains sont partis, d’autres nous ont rejoints. Mais chaque forme de soutien a été précieuse.
Je remercie sincèrement tous les mécènes et sponsors qui, même modestement, ont cru en cette idée et l’ont soutenue.
Cet esprit collectif de solidarité, quelle qu’en soit la forme, a été la pierre angulaire du projet, lui insufflant année après année une énergie vitale.
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Alors que nous célébrons le 15ᵉ anniversaire du concours, je repense à ce parcours extraordinaire. Cette étape marque aussi une transition personnelle : je dis adieu à un projet qui a grandi au-delà de nos rêves les plus fous. Les graines que nous avons semées dans le sol de l’incertitude ont germé pour devenir une forêt de potentiel artistique, et je m’en vais le cœur empli de gratitude.
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En refermant ce chapitre, je regarde en arrière avec tendresse et espoir. Le Young Painter’s Prize restera à jamais un témoignage du pouvoir de l’art à transcender l’adversité, et j’ai hâte d’en voir les prochains chapitres s’écrire.
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Julija Dailidėnaitė Palmeirao
Cofondatrice et organisatrice (2009–2023) du projet Young Painter’s Prize, critique d’art et commissaire d’exposition, membre de l’Association Internationale des Critiques d’Art (AICA).
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Sur la photo : je suis avec Laurent Le Bon, président du Centre Pompidou, membre du jury du 15ᵉ Young Painter Prize.
Photo : Augustinas Žukovas